Une échappée dense, mais sous contrôle
Dès les premiers hectomètres, les offensives s’enchaînent avec notamment Lenny Martinez et Matej Mohoric, mais aucune ne parvient à s’imposer. Julian Alaphilippe tente ensuite sa chance en solitaire, en vain. Il faut attendre la Côte de Loubeyrat, première difficulté sérieuse, pour voir une échappée massive d’une trentaine d’hommes se stabiliser, avec une belle représentation française : Martinez, Paret-Peintre, Alaphilippe. Le peloton, vigilant, limite l’écart à moins de deux minutes dans un premier temps. Martinez, très actif, passe en tête à la Côte de La Baraque et se positionne en tête virtuelle du classement de la montagne. L’échappée, réduite progressivement à une vingtaine de coureurs, reprend un peu de marge (jusqu’à 4’30’’), emmenée notamment par Ben Healy, très menaçant au général. Le Col de Guéry marque un premier tournant : l’Irlandais attaque avec ses coéquipiers d’EF Education – Easypost, sans succès. Le groupe se reforme, mais l’usure fait son effet. À 30 km de l’arrivée, Lenny Martinez cède dans la montée vers la Croix Saint-Robert, tandis que Quinn Simmons tente un coup, vite étouffé.
Yates déclenche les foudres, les leaders en feu
Derrière, les leaders s’activent. L’équipe Visma-Lease a Bike tente de dynamiter la course avec les attaques successives de Sepp Kuss puis Matteo Jorgenson, dans l’espoir de faire plier le Maillot Jaune, Tadej Pogačar. Mais le Slovène ne cède rien, solidement épaulé et parfaitement placé. C’est finalement Simon Yates qui déclenche l’assaut décisif, devant, au pied de la dernière ascension vers le Puy de Sancy, à moins de 5 kilomètres de l’arrivée. Il s’impose en solitaire, tandis que Ben Healy, déjà vainqueur à Vire Normandie, très en vue tout au long de l’étape, s’empare du Maillot Jaune grâce à une performance d’envergure. Dans le groupe des cadors, Jordan Jegat (Team TotalEnergies) confirme sa montée en puissance. Le grimpeur breton réalise une ascension de haut vol, restant au contact des Pogacar, Vingegaard et Evenepoel. Sa 19e place à l’arrivée est anecdotique au regard de l’étape qu’il a livrée. Il intègre désormais le top 15 du général (14e). Le Vendéen s’impose, jour après jour, comme l’une des révélations de ce Tour de France.
« Un sentiment d’accomplissement, j’ai progressé ! » »
Jordan Jegat : « Je ne termine que 19ᵉ, mais c’est un vrai sentiment d’accomplissement qui domine. Par rapport à l’an dernier, je sens que j’ai franchi un cap. Aujourd’hui, je suis capable de rivaliser avec les meilleurs. Le travail finit par payer. Dans la montée finale vers le Puy de Sancy, j’ai même eu la satisfaction de croiser les regards de Remco Evenepoel et Tadej Pogačar. J’ai vu qu’ils prenaient ma roue… c’est plutôt bon signe ! Quant au classement général, j’y pense forcément, mais je vise surtout une victoire d’étape. On a bien vu que sur cet acte 10, Pogačar a laissé filer le maillot jaune. Il faudra savoir saisir ce genre d’opportunité. »