Guillaume et Pierre Jourdain ont signé une performance XXL lors de leur troisième édition de La Chevauchée Arc-en-Ciel. Les deux frères se sont lancés dans la traversée des Alpes, du lac Léman jusqu’à Nice, soit 500 kilomètres au profit des enfants atteints de cancers pédiatriques.
500 bornes au sommet de la solidarité
Après avoir avalé les 220 km du Grand Raid des Pyrénées, Guillaume et Pierre Jourdain ne voulaient plus s’arrêter là. Cette première expérience grandeur nature leur avait donné le goût de l’ultra en binôme, mais aussi l’envie d’aller plus loin. Les grands formats comme le Tor des Géants ou la Swiss Peaks leur faisaient de l’œil… mais l’engagement financier était conséquent. Alors, plutôt que de renoncer, ils ont choisi de créer leur propre défi. En OFF. Et pour une cause qui leur tenait profondément à cœur. Avec La Chevauchée Arc-en-Ciel, le lien s’est noué en 2021. « Avec Guillaume, on voulait augmenter les kilomètres après ce 220 sur le GRP », se souvient Pierre. Un article sur l’association et l’histoire de Juline, 13 ans, emportée par un cancer pédiatrique, agit comme un électrochoc. « Juline avait le même âge que nos enfants respectifs… ça a tout de suite fait tilt », confie-t-il. Depuis, deux éditions ont vu le jour, portées par la même énergie. Après une pause en 2024, les deux frères ont repris le fil de leur épopée avec une aventure exceptionnelle, cette année : 500 kilomètres à travers les massifs alpins, pour repousser les limites physiques… et récolter des fonds pour ceux dont le combat dépasse de loin celui de la montagne. « Mais aussi pour récolter plus de dons, sourit Guillaume, puisque les deux premières éditions avaient cartonné. »
Un défi physique et mental
Ils avaient tout prévu. Ou presque. Guillaume et Pierre, deux frères unis par le goût du défi, ont abordé cette traversée hors normes avec la précision d’un horloger. Dès janvier, chacun a suivi sa propre méthode : pour Pierre, un savant mélange de séances courtes et longues ; pour Guillaume, des « week-ends chocs » pour accumuler du volume. Objectif : être au sommet de leur forme début juillet. Derrière la préparation, une répartition des rôles millimétrée. Pierre, « l’expert » en roadbooks, dessinait le parcours, quand Guillaume affinait les secteurs grâce à sa connaissance du terrain. Mais la théorie ne protège pas des réalités de l’ultra : chaleur accablante, humidité collante, froid mordant… et une blessure à la cheville pour Pierre dès le 250e kilomètre. Décision radicale : 125 km de pause pour se soigner. Pendant ce temps, Guillaume poursuit seul, refusant toute idée d’abandon. Trois jours plus tard, Pierre reprend la course et reforme le duo pour les 125 km finaux. Jusqu’au moment magique où, à 70 bornes de l’arrivée, la Méditerranée apparaît au loin. « C’était comme un appel », souffle Pierre.
De l’ultra à l’espoir
Au bout de 500 kilomètres, l’océan d’efforts laisse place à la mer et à un bonheur simple : « celui de l’avoir fait, ensemble » résume la fratrie. Mais aussi celui d’avoir transformé cette épopée sportive en un geste concret pour les enfants malades. Car le but de cette chevauchée n’était pas seulement d’aller au bout d’eux-mêmes : il s’agissait de récolter des fonds pour l’association La Chevauchée Arc-en-Ciel. Mission plus que remplie : plus de 15 000 euros collectés, grâce à la mobilisation de près de 250 donateurs. Une somme qui va permettre l’achat d’un appareil essentiel pour l’hôpital. « C’est incroyable de voir que tant de gens se sont associés à notre projet », confient les deux frères, encore émus. Sur le sable, face à la Méditerranée, ils se sentent « comme des gamins ». Et ce n’est pas qu’une image : grâce à eux, de nombreux enfants retrouveront, eux aussi, un peu de sourire et d’espoir.